Projet 52 – campagne

J’ai la chance de vivre à la fois à la campagne, à la fois à la montagne.

A la montagne, parce qu’il me suffit de deux minutes de marche à plat pour m’offrir la possibilité d’un 2000 mètres de dénivelé, à la campagne parce que le bout de vallée rurale où je suis installée, assez large, se donne facilement des airs de petit coin de campagne.

Et le voisinage actuel accentue cette impression de campagne…

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Trop vite…

Vu que je traverse une période où mes doigts se montrent moins capricieux, j’en profite pour reprendre mes crayons.

Prise d’un élan d’enthousiasme inconsidéré, je me suis lancée dans une tentative de croquis sur le vif. Je considère que travailler sur des modèles en mouvement est un exercice indispensable pour exercer l’œil.

Je ne sais pas trop si j’ai exercé mon œil, mais j’ai gaspillé de la feuille et usé mes nerfs. C’était à s’arracher les cheveux. Pourtant ils gardaient tous la pose une ou deux secondes (pas pour moi, hein ! ^^), mais j’aurais eu envie de leur hurler d’arrêter de bouger.

Le seul commentaire que j’ai reçu fut : « il a une sale gueule ». J’en ai conclu que même la posture n’était pas réussie (difficile à apprécier pour un non-pratiquant).

Alors on va oublier un peu les modèles en mouvement et reprendre à la base…

Welcome to the next century !

Je vis au 19ème siècle au fin fond d’une campagne épargnée par toutes les avancées de la modernité et ne vais depuis l’année Covid plus que très irrégulièrement dans les villes de plus de 8 000 habitants (c’est dire !).

La semaine dernière, j’ai accompagné ma délicieuse descendance à la gare de Chambéry où les trains sont plus nombreux en direction de Lyon (et surtout dépourvus de chronophages correspondances). Nous en avons profité pour faire une descente en librairie (j’en reparlerai) et un déjeuner dans un restaurant de sushis.

Et là, j’ai basculé assez étrangement je dois dire, dans le 21ème siècle : notre repas a été délivré par un robot.

J’avoue : lorsque je l’ai vu se déplacer entre les tables, j’ai cru rêver. Le robot nous a apporté les plats, attendant que nous validions de les avoir reçus, avant de nous gratifier d’un virtuel sourire très kawaï.

Le patio, 41 Av. de la Boisse à Chambéry – juste en face de la gare.

Parmi les choses qui ont changé à Chambéry (que je ne fréquente plus guère depuis 2019) : on dirait que la ville redécouvre les fleurs des champs dans ses parterres…

Projet 52 : au soleil

J’ai péché par excès d’optimisme : je n’ai pas pris de photo le seul jour où le soleil a brillé ailleurs que par la fenêtre du boulot…

Ce jour-là, j’étais sous le soleil avec ma fille, Miss Minerve, dans une petite bourgade où nous avions quelques achats et démarches à effectuer. La luminosité était violente pour nos rétines habitées aux temps gris, et mes lunettes de soleil, ne me servant quasiment plus, oubliées à la maison.

Sentant venir la migraine ophtalmique, j’ai profité d’un passage à la maison de la presse pour acheter un magazine féminin qui proposait une paire de lunettes en cadeau. Je n’avais pas acheté de magazine féminin depuis belle lurette… la surprise fut de taille, mais là n’est pas la question. J’étais enfin équipée de lunettes pour marcher au soleil… lunettes que je n’ai pas eu l’occasion de réutiliser depuis !

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Miss Minerve travaille

Je termine actuellement quelques « vieux » dessins commencés à l’automne dernier et que je n’avais pas encore encrés.

J’ai tenté l’encre de Chine et la plume pour celui-ci. Mon scanner n’est pas d’une qualité irréprochable et l’appareil photo de mon téléphone ne vaut guère mieux, du coup, on ne voit pas la différence d’avec les stylos feutre utilisés habituellement. Tant pis.

Quand Miss Minerve est à la maison, l’ambiance devient… créative ?

LARZAC, histoire d’une résistance paysanne

Terral et Verdier – Dargaud – 2024

J’ai lu d’une traite cet album de 162 pages sur la résistance opérée entre 1971 et 1981 par les habitants de la petite zone du Larzac située autour d’un camp militaire qui faisait l’objet d’un projet d’extension de 14 000 hectares impliquant l’expropriation de plus d’une centaine de propriétaires.

Ce roman graphique de style réaliste entièrement en noir et blanc, par endroit enrichis de documents d’époque (photos, affiches ou même planches de Charlie Hebdo…), retrace les dix ans de résistance de la population, avec ses moments épiques, tragiques, ses petites victoires et ses désillusions. On y découvre la part prise par les ouvriers de Lip, le Canard enchaîné, d’illustres inconnus simplements engagés ou solidaires ou des personnages incontournables du paysage politique français.

Au fil des pages, je me suis rappelé que ma mère évoquait parfois, dans les années 70, son désir d’aller « élever des chèvres dans le Larzac », ce que, ignorante des enjeux qui s’y jouaient, j’avais attribué à un rêve improbable de retour à une nature oubliée (parce que le Larzac pour moi n’évoquait absolument rien de connu à l’époque, et force m’est de constater qu’il ne m’évoque guère plus aujourd’hui). L’expression m’est restée, d’ailleurs, que j’ai maintes fois utilisée pour qualifier, avec un brin d’ironie, ceux qui exprimaient le rêve dont j’étais certaine qu’ils ne chercheraient jamais à le réaliser d’opérer un retour à la nature, à une vie plus simple. Ces mêmes qui, alors que je m’étais installée dans un patelin de moins de mille habitants, s’exclamaient sur ma vie de rêve quelle chance tu as tu ne te rends pas compte à quel point la vie est infernale à Paris, mais qui y sont encore aujourd’hui, leurs exclamations n’étant en définitive que l’expression d’une posture teintée, lorsqu’on grattait un peu, d’une forme de condescendance bienveillante à l’égard de mon mode de vie terriblement plouc, ou chez les plus sincères, d’une nostalgie mal définie des paradis de l’enfance.

Une jolie découverte en tout cas, de celles qui font souffler un vent de liberté entre les oreilles…

La BD se termine avec une citation de Simone Weil, source de réflexion sur notre société qui laisse pourrir ses racines par frivolité intellectuelle :

L’enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. C’est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. Participation naturelle, c’est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l’entourage.

Projet 52 : à l’heure

Si je veux être à l’heure pour emmener Miss Minerve prendre le train qui la ramènera à Lyon, surtout ne pas me fier à cette vieille horloge, qui n’a pas sonné les heures depuis 1978.

Souvenir de famille, elle encombre décore la cuisine de son allure majestueuse. J’aimerais à nouveau entendre son tic tac solennel, mais la perspective de la logistique à mettre en place pour l’emporter chez un horloger m’en dissuade. Pour l’instant.

Je reviendrai visiter et commenter vos blogs en fin de journée, là il faut que je me dépêche, sinon je ne serai pas prêt à l’heure

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Les gouttes de Dieu – Quoc Dang Tran (2023)

Un manga découvert il y a quelques années, à l’époque où je m’initiais aux plaisirs et subtilités de la dégustation (j’ai tout laissé tomber depuis, me contentant de savourer), et que j’avais suivi un certain temps, pendant quelques 27 tomes, mais abandonné parce que les trucs au long cours, il faut bien le dire, c’est pas pour moi.

Tentée à plusieurs reprises de compléter ma collection restée en suspens, sans jamais franchir le pas, voilà que j’y repense ces jours, avec la sortie de la série tirée du manga.

Signe des temps, girl power oblige (ce qui n’est pas pour me déplaire, soyons franc), le personnage de Shizuku Kanzaki est devenu une fille, Camille, qui porte tout de même en deuxième prénom Shizuku, signifiant « goutte » en japonais…

L’adaptation est assez libre par rapport au manga, mais plutôt réussie, même si les « synesthésies » de la dégustation n’y sont pas aussi développées. Il y a de très jolis moments, d’intéressantes réflexions sur le monde du vin (j’adore l’approche de Yataka Kanzaki, à mille lieues des snobismes de ce milieu), mais surtout sur la famille, la tradition, la transmission… bref, une petite série (8 épisodes seulement) qui se regarde avec beaucoup de plaisir.

Et pour ceux qui veulent en savoir plus sur le manga, ta d loi du cine l’a chroniqué sur le blog de Dasola

Perspective(s) – Laurent Binet (2023)

Enquête sur la mort d’un peintre à Florence dans les années suivant la mort de Savonarole, à partir du courrier entre les différents protagonistes…

Un roman intéressant mais qui ne m’a pas autant enthousiasmée que je l’aurais pensé de la part de l’auteur de « HHhH » et de « La septième fonction du langage« . Pourquoi ? parce que Laurent Binet y est un peu allé à l’économie au plan historique de mon point de vue. Alors oui, 291 pages, c’est déjà pas mal, mais on reste trop centré sur l’enquête quand le sujet et l’époque eussent pu donner lieu à de savoureuses peintures sociales et réflexions sur l’art, trop rares dans ce livre à mon goût. Le livre fourmille de détails avérés que Binet tortille délicatement pour nouer son intrigue, c’est intéressant et savoureux, mais il manque à ce roman un soupçon de je ne sais quoi à la Umberto Eco pour être vraiment jubilatoire.

Laurent Binet nous fait en ouverture l’amabilité de lister les principaux personnages, j’avoue que désormais je lis tous mes livres, tout au moins une grande partie, avec une feuille à portée de main pour schématiser les liens entre les protagonistes et préciser des éléments me permettant de les identifier plus facilement, ma mémoire de travail étant nettement moins performante qu’il y a quelques années encore. Il m’a simplifié le travail, je lui en sais gré. D’ailleurs, tous les auteurs devraient tous avoir cette élégance envers leurs lecteurs vieillissants.

Malgré mes critiques un peu sévères, c’est un très bon livre qui se lit facilement (même si les formulations d’époque un peu foisonnantes rendent parfois certains passages d’abord moins aisé).

Je m’offre le plaisir d’une citation en clin d’œil à « nos » habitudes de tout partager sur les réseaux sociaux :

figurez-vous que le Pontormo a écrit un journal, qui fait assez peu pour la gloire de la langue toscane. Jugez-en par vous-même : « lundi j’ai fait je ne sais plus quelle lettre et a commencé la diarrhée. mardi j’ai fait une cuisse, la diarrhée a augmenté » […] Quand messire Jacopo nous fait grâce de ces considérations intestinales, c’est pour nous livrer des indications de tout premier plan sur l’avancée de son travail : « jeudi j’ai fait un bras, vendredi l’autre bras« 
[…] Avez-vous déjà lu quelque chose de plus profond et palpitant ?

J’y songerai (ou pas) la prochaine fois que je serai tentée de partager en ligne les grandioses insipidités de mon quotidien… ^^

Je termine avec une autre citation, plus légère :

Vasari est un peintre médiocre, dont la principale qualité réside dans sa rapidité d’exécution – d’aucuns diraient qu’il excelle dans le travail bâclé. Cependant, vous connaissez comme moi cette règle de la nature, cher Maître, qui fait que même le peintre le plus quelconque n’est pas à l’abri d’un moment de grâce.

Du coup, à l’heure où je reprends le pinceau, cette perspective me donne à espérer un peu…